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Le monde de la presse quotidienne d’information générale est devenu un vaste champ de bataille, où tous les coups sont permis. Le patronat mène une guerre sans merci aux salariés, à travers des restructurations jamais connues jusqu’à ce jour. La succession de plans de licenciements (Hersant Media, groupe de gratuits de L’Alsace-Le Pays, Journaux du Midi, Sud-Ouest, NRCO, Presstalis) et de départs soi-disant volontaires, les agressions permanentes contre les conventions collectives, les droits et acquis sociaux des salariés, la pression sur les salaires visent à une réduction drastique des coûts de production.

"la question du rapport de force est déterminante"

La rentabilité financière est considérée par les donneurs d’ordre comme unique objectif, au détriment de l’information et des emplois. Au point que certains oracles patronaux envisagent l’objectif totalement irréaliste d’une rentabilité à deux chiffres. L’emploi est devenu la pierre angulaire de l’offensive patronale. Aucune entreprise, aucun secteur d’activité n’y échappe, aucun salarié n’est à l’abri.

Mutualisations, synergies, mise en commun des moyens sont devenus la bible d’un patronat totalement dévoué à un ultra-libéralisme échevelé. La poursuite d’une telle politique met gravement en péril le droit à une information réellement pluraliste, démocratique, accessible à tous. Il est indispensable de combattre ces choix néfastes. Mais il ne suffira pas de critiquer ou de condamner les mauvais choix qui nous sont infligés, même si c’est nécessaire. La question du rapportde force est déterminante.

Pour la FILPAC-CGT, il est indispensable de construire des propositions en capacité de rassembler toutes les catégories de salariés.


En lançant une grande campagne de mobilisation pour assurer la pérennité et l’avenir des titres et des emplois, la FILPAC-CGT propose aux salariés, du journaliste au porteur, en passant par les ouvriers, les employés, les cadres, de construire le rapport de force apte à imposer d’autres choix.

Un autre avenir est possible, est nécessaire. Le déclin de la presse n’est ni fatal, ni irréversible. Le journal de quatre pages que nous publions, doit être considéré comme un outil fédérateur dans les journaux détenus par le Crédit Mutuel, premier éditeur de presse quotidienne régionale.
Notre objectif vise à construire les solidarités nécessaires au service de la mobilisation, pour la défense des publications, de l’emploi et des statuts. Dans ce but, la FILPAC-CGT organisera un meeting national à Strasbourg, le vendredi 25 janvier 2013, avec la participation de nombreuses délégations d’entreprises en lutte. Dès à présent, dans toutes nos entreprises, la mobilisation la plus large, rassemblant journalistes, cadres, ouvriers, employés et porteurs, est à l’ordre du jour.

ASSOCIATION DES JOURNAUX DU CREDIT MUTUEL
la banque à qui parler... VRAIMENT ?


« Dans 10 ans, s’il ne reste qu’un seul journal en Alsace, nous aurons fait le boulot ! » (Déclaration faite au comité d’entreprise de L’Alsace-Le Pays en juillet 2012). Quatre mois, plus tard, lors d’un C.E. extraordinaire des DNA, le doute n’est plus de mise : « Dans dix ans, il ne restera qu’un seul journal en Alsace ! » Telle est la sentence de Michel Lucas, patron du tout-puissant Crédit Mutuel, la banque qui appartient à ses sociétaires, à ses clients, et accessoirement propriétaire du plus grand groupe de presse quotidienne de France. Et si on envisageait les choses autrement ? Et si, dans la même logique, nos journaux appartenaient à leurs lecteurs ?
Pour la FILPAC-CGT, la messe n’est pas dite.

L’Alsace et les DNA, deux quotidiens d’information profondément ancrés dans leur région, fiers de leur identité. Notre force : un fort ancrage local, un réseau de diffusion dense et réactif, avec ses nombreux points de vente et ses 2000 porteurs qui livrent le journal aux abonnés tous les matins avant 7 h. Un atout certain qui fait ses preuves. Avec une diffusion totale de plus de 250.000 exemplaires, dont 80 % d’abonnés, et une audience cumulée de plus de 700.000 lecteurs, pour une population totale de 1,3 million d’habitants, l’Alsace est en pointe pour le taux de lecture de la presse en France. Pourtant, sous prétexte de rentabilité financière insuffisante, la banque qui appartient à ses clients considère que, pour l’Alsace, le journal unique fera l’affaire !

Une stratégie mortifère

Certes, reconnaissons que la baisse du nombre de lecteurs est un fait bien réel, de même que l’érosion des recettes publicitaires. La diversification des modes d’informations pèse sur le journal imprimé payant. Il s’agit d’une tendance générale, constatée dans tous les pays développés.
Cette baisse tendancielle s’accompagne d’une politique de repli et d’accompagnement du déclin, présenté comme irréversible par les éditeurs. Pour faire face à cette situation, de multiples plans de départ à 55 ans, voire à 53 ans, CATS, PMS, largement subventionnés par l’Etat, assortis de ruptures conventionnelles et autres clauses de cession, ont été mis en oeuvre au cours de la dernière décennie. A L’Alsace-Le Pays, ce sont 150 emplois qui ont été liquidés en 10 ans, soit le quart de l’effectif. Idem aux DNA, avec un recul des effectifs de 300 salariés sur la même période. Malgré cela, la situation financière n’a cessé de se dégrader. Agir uniquement sur l’emploi n’est donc en rien la réponse appropriée.

"250.000 exemplaires, 80% d abonnés, audience cumulée de plus de 700.000 lecteurs"

Cette situation n’est pas fatale. Continuer ainsi, c’est nous exposer demain à gérer les plans sociaux. Nous allons donc faire autrement, et donner des perspectives d’avenir aux salariés de nos entreprises. Nos  propositions visent à mettre en débat un certain nombre de propositions susceptibles de redonner un nouvel élan à la presse d’information dans notre région.

Pour la FILPAC-CGT, contrairement aux analyses patronales, le numérique, web, internet, ne sont en rien responsables de la dégradation du journal imprimé : nous affirmons que le web est complémentaire du journal imprimé et doit devenir un nouvel outil au service du développement
de nos entreprises, tant dans les domaines éditoriaux, que commerciaux et publicitaires, au service de l’emploi.

Dans tous les titres, les organisations syndicales font le constat d’une dégradation majeure des relations sociales. Cet état de fait coïncide avec la prise de contrôle de tous les journaux du grand Est par le Crédit Mutuel. Etrange conception du dialogue sociale que celle de « la banque à qui parler », pour qui les salariés n’ont pas voix au chapitre. De plus en plus, les élus du personnel, les comités d’entreprise, les réunions de délégués du personnel font office de chambre d’enregistrement de décisions prises en secret, sur lesquelles il n’y a rien à discuter. L’absence de concertation, de débat, de réelles négociations, alors que les restructurations sont permanentes, pèsent fortement sur le climat social. Pour la FILPAC-CGT, il est urgent de libérer les énergies revendicatives en sommeil.

Dans toutes les entreprises sont annoncées des négociations d’accords GPEC (Gestion Prévisionnelles des Emplois et des Compétences).
Sur cette question, deux logiques s’affrontent :
• soit on continue de s’inscrire dans la logique patronale et, une fois de plus, la manne financière sera utilisée pour licencier ;
• soit on agit dans la logique de l’accord de branche signé en décembre 2011, axé sur la protection et la garantie du contrat de travail et l’évolution des qualifications.
S’agissant d’une obligation légale, la FILPAC-CGT revendique l’ouverture rapide de négociations, s’inscrivant dans le cadre défini par l’accord de branche.

"Les salariés ne sont pas une charge, c’est par leur travail qu’ils assurent la création de richesse"


Les salariés ne sont pas une charge, c’est par leur travail qu’ils assurent la création de richesse. La GPEC doit être un outil au service du développement de l’emploi et des qualifications, s’inscrivant dans une stratégie précise définie par l’employeur. L’Observatoire des Métiers décrit les nouvelles qualifications émergentes, transversales aux catégories professionnelles.

Nos emplois recèlent un potentiel immense.

Les évolutions que nous appelons de nos voeux portent sur plusieurs projets :
• diversification de l’offre éditoriale ;
• création publicitaire sur internet, y compris sur base vidéo ;
• développement de suppléments thématiques;
• de nouvelles pratiques commerciales de vente et d’abonnement ;
• de nouvelles relations entre les rédactions et le lectorat ;
• diversification de l’activité de portage.
Par ces différents aspects, les fonds alloués à la formation professionnelle à travers la GPEC, seront utilisés pour financer des projets de formation ambitieux, de haut niveau, permettant l’accès aux nouvelles qualifications. Il conviendra également de revoir les organisations générales des entreprises afin de développer les synergies inter-services. Dans cette logique, le volet social comportera la mise en place d’une grille unique de classifications des postes, allant vers un statut des salariés de la presse.
Enfin, le projet comportera un volet financier permettant d’assurer les investissements adaptés à ces objectifs.

FACE AUX INQUIETUDES DES SALARIES, quelles perspectives en Franche-Comté ?

"Il y a trop de journalistes de l’Est-Républicain et du Pays sur le nord de la Franche-Comté. 60 journalistes pour la diffusion que nous assurons, c’est bien trop!" Voilà le genre de réflexions comportées par la direction de L’Alsace. Et si le problème n’était pas les effectifs, mais bien le niveau de diffusion et les moyens de l’améliorer ?  Pour la FILPAC-CGT, la réponse ne fait aucun doute. Bien mieux, par rapport aux choix qui sont en oeuvre, nous pouvons affirmer sans nous tromper que nous allons droit dans le mur. Et si on relevait le défi en voyant la question différemment ?

Depis les départs de plus de 50 journalistes de
L’Est Républicain en clause de cession, suite au rachat du groupe par le Crédit Mutuel, la pompe à transfert de personnel entre les deux titres tourne à plein régime, en sens unique bien évidemment, et les effectifs rédactionnels du Pays sont réduits à la portion congrue. Les décisions prises ou à venir ont une incidence directe sur les capacités de couverture quotidienne de l’information. Et, de plus en plus, les contenus des deux journaux, censés être concurrents, se ressemblent.

En continuant sur cette voie, il
n’est pas irréaliste de considérer quil subsistera deux titres, mais à contenu strictement identique. Bonjour la diversité !

Construire du neuf

Le taux
d’audience de la presse quotidienne est particulièrement faible en Franche-Comté. Ce constat est réel. Il s’agit de la question centrale à laquelle il faudra répondre. Mais y  répondre en prenant en considération des critères de rentabilité peut mener au pire, y compris à la suppression pure et simple de la présence des journaux.

La FILPAC-CGT fait une analyse différente. Un premier problème relève de
l’identité régionale. La Franche-Comté est la seule région de France à ne pas avoir son propre quotidien dédié : les deux journaux diffusés relèvent de groupes basés en Alsace et en Lorraine. Il est indéniable que, du point de vue des moyens du Pays (commerciaux, humains, logistiques), les investissements n’ont pas été au niveau des ambitions. Ce qui a conduit à restructurer les éditions et la présence sur le terrain par le recentrage autour de l’Aire Urbaine. Une fois de plus, les résultats ne sont pas conformes aux attentes. La question de la pérennité du titre et de ses emplois se pose donc clairement.

Alors que le regroupement des services de publicité est quasiment finalisé, il y a lieu de réfléchir à des alternatives réellement novatrices. Pour la FILPAC-CGT,
l’avenir peut se concevoir sur la base d’un nouveau journal spécifiquement franc-comtois. Les diverses propositions formulées précédemment doivent, bien évidemment, s’appliquer dans ce cadre. Nous ne pensons pas détenir de vérité absolue : nous proposons aux salariés de nos deux journaux de débattre autour de ce concept, et de construire ensemble les propositions que nous aurons à défendre.