| 000000 | | Interview de M. Michel MULLER - Vice-Président UNI Graphique 25 janvier 2013 - Meeting DNA à
Strasbourg
| Une crise qui s'ajoute à la crise générale... |
Uni Graphique regroupe l'ensemble des syndicats graphiques et du packaging dans le monde.
Question: Quelle est la situation de la presse dans le monde?
La
presse connaît une crise spécifique qui s'ajoute à
la crise du système capitaliste. C'est dire que les
salariés des journaux subissent une double peine. Dans tous les
pays développés, des restructurations drastiques frappent
les travailleurs. La disparition de journaux est une constante et
même l'Allemagne est à présent touchée. La
prestigieuse Frankfurter Rundschau risque de fermer
définitivement comme cela à déjà
été le cas de nombreux quotidiens aux USA ou en Australie.
Question: Les causes sont-elles les mêmes partout ?
Il
est évident que l'irruption des nouvelles technologies de
l'information bouleverse la presse dans tous les domaines: sur le plan
économique, culturel, social. Mais c'est surtout la
réponse des patrons de presse qui est totalement
inappropriée. Le choix du seul support numérique avec la
suppression de la version en papier a non seulement détruit des
emplois massivement mais a été, dans la quasi
totalité des cas, un échec économique.
Question: Mais l'évolution des technologies est une réalité?
Oui,
certes nous assistons à une révolution que le secteur n'a
pas connu depuis Gutenberg. Mais cela devrait être un
progrès car le besoin d'être informé, la recherche
du débat et de la confrontation d'idées n'a jamais
été aussi nécessaire aux yeux de l'opinion
publique. Le support papier reste un vecteur essentiel aux
côtés d'Internet et des autres moyens d'information. Cela
nécessite certes des adaptations économiques et sociales,
et les syndicats sont prêts à relever les défis.
Ainsi des emplois disparaissent avec les nouvelles technologies mais
d'autres apparaissent. Il faut un grand effort de formation et de
reconnaissance des emplois dans les grilles de salaires car le patronat
instaure la précarité dans les nouveaux secteurs qui
dépendent pourtant des entreprises de presse.
Question: Peut-on trouver des solutions à cette crise?
Évidemment,
et tous les syndicats du monde y travaillent. Mais il y a une
divergence de fond avec le patronat. Pour trouver des solutions
pérennes, il faut accepter que la presse et l'information ne
soient pas considérées comme une simple marchandise, et
elles doivent être traitées sous l'angle de leur fonction
sociale, elles doivent donc échapper aux seules règles du
marché.
Question: Ce combat n'est donc pas que français?
Non,
et il faut arriver à l'expression d'une solidarité
internationale. Uni Graphique prévoit cette année une
nouvelle conférence mondiale des syndicats de la Presse; nous
répondons à une demande de nombreux syndicats,
particulièrement d'Asie avec le Japon en tête. Et il
faudra passer de l'analyse commune à l'action commune: les
initiatives prises par la Filpac sont une contribution majeure à
cet objectif.
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